EN L’ANNÉE 1950, LES RESPONSABLES DU SYNDICAT SPORTIF DE SAINT-GEORGES SONT À LA RECHERCHE DE NOUVELLES ATTRACTIONS QUI POURRAIENT APPORTER UNE AIDE FINANCIÈRE À L’ORGANISATION DES LOISIRS DANS LA COMMUNAUTÉ.
C’est non loin du centre récréatif, dans les bureaux de la Woolen Mills que le Syndicat Sportif trouvera sa réponse. Le directeur de la Woolen Mills est monsieur Tom Comrie, un ingénieur embauché en 1937 par Édouard Lacroix qui est allé personnellement le recruter dans son pays d’origine, l’Écosse. Fervent de sport, Tom Comrie passe une grande partie de sa jeunesse écossaise dans les estrades des stades de Rugby. Dès la fin du 19e siècle, la pratique de ce sport dans les iles britanniques intègre la présentation d’éliminatoires régionales disputées entre plusieurs équipes lors d’une même journée. Converti au hockey, c’est donc en puisant dans ses origines écossaises que Tom Comrie propose d’adapter cette même formule à notre sport national. Après que furent rédigés les règlements et réunies 8 équipes de la région, la rondelle était donc mise en jeu pour la première édition du Tournoi d’un jour de Saint-Georges le 16 mars 1950. La première équipe à remporter le tournoi d’un jour fut le club Morency de Saint-Georges qui triomphait alors de l’équipe de Saint-Côme par la marque de 3 à 2. Cette année-là, aucun trophée ne fut remis à l’équipe gagnante.
Pour la deuxième édition en 1951, Tom Comrie fit fabriquer une coupe digne de cet événement unique. Le tournoi d’un jour avait dorénavant son emblème officiel qui porterait le nom de son fondateur : le Trophée Comrie. Ce que l’on appelle aujourd’hui le centre sportif Lacroix-Dutil était à l’époque connu comme le centre récréatif de Saint-Georges. C’est à cet endroit qu’avaient lieu les matchs de hockey du temps et le tournoi d’un jour ne faisait pas exception. S’il était, à l’époque, normal et habituel de jouer au hockey à l’extérieur, la présentation d’un tournoi pendant plusieurs heures consécutives pouvait parfois constituer un réel défi pour les organisateurs. A la merci des intempéries, ceux-ci devaient composer avec des températures tantôt trop froides ou encore trop douces. Sans resurfaceuse, il n’était pas rare que la patinoire soit en bien piètre état une fois venu le moment de présenter l’ultime match de la finale. Autre difficulté à ne pas négliger, les installations de l’époque n’étaient pas pourvues de chambres chauffées. C’est donc dans des semi-remorques chauffées au propane que l’on accueillait les équipes avant et après les parties. C’est ainsi que, avec un peu d’imagination et grâce à la collaboration de bénévoles dévoués, on arrivait la plupart du temps à tenir un événement apprécié de tous.
La qualité de l’organisation et l’originalité de la formule contribuent à susciter un engouement indéniable des clubs de toute la région qui s’inscrivent en grand nombre dès les premières années. Et il n’y a pas que les joueurs qui se présentent en masse au tournoi d’un jour, la foule est elle aussi au rendez-vous. Après une assistance respectable d’environ 250 personnes lors de sa première présentation, le tournoi gagne rapidement en popularité, accueillant dans les années suivantes une moyenne de 3 000 spectateurs qui assistent à l’un ou l’autre des matchs présentés tout au long de la journée. Déjà en 1957, on calcule qu’un total de 20 000 personnes ont franchi les guichets de l’événement. Pendant 19 ans, le centre récréatif de Saint-Georges fut donc le théâtre de ces rendez-vous épiques et mémorables réunissant annuellement jusqu’à 18 équipes des quatre coins de la région, déterminées à braver les périls de l’hiver pour mettre la main sur le précieux trophée.
L’ANNÉE 1969 MARQUE UN TOURNANT DANS L’HISTOIRE DU TOURNOI COMRIE. LA 20E ÉDITION DE LA CLASSIQUE HIVERNALE EST PRÉSENTÉE CETTE ANNÉE-LÀ DANS L’ENCEINTE DU TOUT NOUVEAU PALAIS DES SPORTS DE SAINT-GEORGES.
L’organisation du tournoi d’un jour n’est d’ailleurs pas étrangère à la réalisation de cette infrastructure tant attendue par la population puisqu’elle contribue à la construction de l’amphithéâtre pour un montant de 10 000$. Les succès répétés du tournoi permettent en effet à l’organisation de redonner aux divers organismes de sport et loisirs de la ville, atteignant ainsi l’objectif premier de la création du tournoi, soit de générer des fonds servant à promouvoir la pratique du hockey et du sport en général dans notre communauté. Le 20e anniversaire du Tournoi Comrie connaît un franc succès alors que plus de 8 000 spectateurs franchissent les guichets du Palais des Sports pour assister aux prouesses des joueurs de la région. Autre fait marquant, la 20e édition est l’occasion de tester une nouvelle formule divisant la compétition en deux classes, soit la Classe A réservée aux équipes de fort calibre et la Classe B réunissant une majorité de clubs aux effectifs plus modestes. Cette innovation permettra notamment aux clubs des plus petites municipalités de pouvoir continuer à compétitionner, et ainsi garantir un spectacle enlevant aux amateurs. Avec ce changement dans la structure du tournoi, les organisateurs se demandent cependant comment ils pourront récompenser l’équipe championne de la Classe B. Informé de la problématique, Tom Comrie passe sur le champ une commande pour un deuxième trophée. L’équipe de La Guadeloupe sera la première à mettre la main sur ce nouvel emblème.
Aucours des années qui suivront, le Tournoi Comrie poursuivra dans la même veine, présentant année après année une compétition enlevante, au grand plaisir des partisans toujours nombreux. Le nombre d’équipes restera sensiblement le même, oscillant entre 18 et 25 tandis que la durée des parties passera de 10 à 15 minutes. La compétition s’ouvrira même aux équipes de l’extérieur de la Beauce. Des clubs de la région de Montréal, du Bas St-Laurent, des Bois-Francs et même du Maine viendront se frotter aux équipes de la région. Formule éprouvée, le tournoi d’un jour de Saint-Georges est devenu un événement reconnu à travers la province et celui-ci inspire la création de plusieurs autres tournois. Organisation solidement rodée. le tournoi doit son succès au travail dévoué des pionniers de la première heure : Les Jean-Marie Bilodeau, Philippe Morin, Clément Gendron, Camille Poulin, Darius Poulin, Charles Mazurette, Gérard Méthot, Charles Rancourt, Eloi Poulin, Claude Morin, Laurent Verreault, Bruno Gilbert, John Paquet, Maurice Gilbert, Billy gousse, Angelo Roy, André Pagé, Georges cloutier, Robert Giroux, Jean-Louis Lemieux et Carol Bourque, auxquels viendront se greffer de nouveaux visages en 1985 dont Richard Bourque et Martin Gaudreau.Sans oublier bien sûr, le principal maitre d’oeuvre, Thomas Comrie, généreux fondateur, qui choisira l’année du 30e anniversaire du tournoi pour quitter notre monde, en 1979. N’ayant pour seule famille au Canada que les jeunes d’ici qu’il a pris sous son aile dès son arrivée en terre beauceronne, M. Comrie laisse lors de son décès un héritage de 192 000$ qu’il lègue à la Ville de Saint-Georges. La somme sera entièrement réservée à la cause des sports et loisirs de la communauté georgienne qui lui tenait tant à coeur.Trente ans plus tard, pour sa 60e édition, le Tournoi Comrie attire toujours autant, et même plus, puisqu’en février 2010, ce sont pas moins de 76 équipes qui croiseront le fer dans 5 différentes classes.Après avoir conservé la même formule pendant presque 50 ans, le Tournoi Comrie est entré dans le nouveau millénaire en s’offrant une métamorphose qui viendra assurer la pérennité de l’événement.
Tout d’abord, vers la fin des années 90, on a vécu un certain essoufflement de l’organisation, notamment causé par le départ de plusieurs membres qui assuraient le bon déroulement du tournoi depuis les débuts. Cet essoufflement là s’est notamment traduit par l’arrêt de la présentation du tournoi en 1996. Ce qui explique qu’on célèbre le 60e en 2010. Par la suite, la ville s’est impliquée pour aider l’organisation à mieux repartir. En premier lieu, on a pris la décision de tenir le tournoi sur plus d’une journée, afin d’augmenter le nombre d’équipes présentes et par le fait même assurer une meilleure rentabilité de l’événement. Une autre cause de l’essoufflement de la formule initiale du tournoi, c’était la difficulté grandissante de plusieurs municipalités de constituer des équipes compétitives. On a donc décidé de troquer la rivalité municipale pour une rivalité d’entreprise en intégrant une Classe Entreprise au tournoi. Ça a tellement bien fonctionné qu’aujourd’hui, on retrouve exclusivement des équipes formées à même des entreprises, majoritairement des entreprises de la Beauce. Toujours en misant sur cette nouvelle dimension « corporative » du tournoi, on a également eu l’idée d’organiser des parties spéciales qu’on a appelé « Le défi des chefs d’entreprises ». On a formé une équipe composée de chefs d’entreprises d’ici qui prenait part à un match amical contre des personnalités connues. On a fait ça à trois reprises, soit avec les Légendes de la Ligue Nationale avec Guy Lafleur et Stéphane Richer entre autres, on a aussi eu la visite de l’équipe de l’Assemblée Nationale et on a eu la présence des Anciens Nordiques. Ce genre d’événement là nous a permis d’augmenter la visibilité de l’organisation.A l’occasion de son 60e anniversaire, le Tournoi Comrie poursuit sa métamorphose et accueillera pour la première fois des équipes féminines dans deux classes différentes. On est très contents d’intégrer les femmes au tournoi. Ça fait partie des choses qu’il fallait faire pour continuer de nous développer. Je pense que les gens vont apprécier cette nouveauté. On a aussi d’autres projets pour l’avenir. On voudrait éventuellement atteindre le chiffre magique de 100 équipes. Et on souhaiterait que le tournoi devienne un championnat provincial des entreprises. Pour cette année, des matchs seront disputés en dehors de Saint-Georges, une première en 60 ans, puisque les rondes préliminaires du tournoi féminin seront disputées à l’aréna de Beauceville … comme quoi l’époque des guerres de clochers est belle et bien révolue !!!Mais ce qui aura traversé les époques, c’est le travail acharné d’un groupe de bénévoles passionnés et dévoués, soucieux de présenter une compétition relevée de grande qualité durant toutes ces années, c’est le désir de vaincre de milliers de compétiteurs fiers de porter les couleurs de leur coin de pays ou de leur lieu de travail, c’est le plaisir et la fierté de toute une région rassemblée pour célébrer le bonheur de vivre ensemble, c’est un tout petit tournoi qui a révolutionné l’histoire des tournois de hockey chez-nous et qui peut aujourd’hui revendiquer le titre de plus ancien tournoi de hockey en Amérique du Nord.